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3 ans, 8 mois, 20 jours *13

C’est le leitmotiv de nos guides cambodgiens. Il fait référence à la période allant du 17 avril 1975 au 16 janvier 1979. Période noire s’il en est.

Voici en quelques mots leurs récits qui nous ont véritablement émus :

« Je vivais à la campagne avec mes parents. J’y ai fait mes études jusqu’au BEPC. Puis je suis parti à Phnom Penh chez mon frère pour poursuivre des études supérieures en mathématiques. Pendant ma première année d’étude intervient le coup d’état. Les khmers rouges évacuent les villes. Je suis déporté à la campagne dans un camp de travail. Il s’agit en fait de travaux forcés. 85 % de mes camarades de promotion mourront dans ces camps. On nous demande de travailler dans les rizières (plantation du riz, creusement de canaux d’irrigation, destruction des digues). On nous alimente de bols d’eau de cuisson de riz avec quelques grains de riz qui flottent. La famine : vous ne pouvez pas savoir ce que c’est. Quand votre esprit ne pense qu’à manger, tout est bon : les tiges des nénuphars, les racines de lotus, les jacinthes d’eau…Je suis la fleur qui pousse sur la pierre, vous êtes la fleur qui pousse dans le jardin. Il fallait toujours sourire, ne pas avoir l’air triste, aimer la révolution sinon quelqu’un venait vous réveiller dans les dortoirs la nuit et vous disparaissiez simplement. »

Une des premières cibles des khmers rouges était la religion. Ils ont éliminé les pagodes, déporté les bonzes à la campagne selon le slogan « qui travaille mange, qui ne travaille pas ne mange pas ». Les vénérables et les plus érudits ont été exécutés immédiatement dans les pagodes.

L’élimination de la propriété privée a également été engagée : les rizières étaient privées, les digues entre les parcelles représentaient les limites des propriétés privées. Les khmers rouges les ont détruites puis en on fait reconstruire de nouvelles pour faire des carrés d’1 hectare : les rizières de la classe prolétarienne. Après la libération il n’était pas possible de distribuer les terres car il y avait beaucoup de jeunes veuves. 1/3 de la population avait disparu sous la persécution des khmers rouges (plus de 2 millions d’habitants). Les terrains ont été attribués à des groupes de solidarité constitués de 100 familles pour récolter le riz. Entre 1979 et 1985 les rizières ont été restituées aux familles à raison de 20 ares par personne (20 m x 100 m).

Les khmers rouges avaient imposé la couleur noire, supprimé la monnaie, brûlé les billets. Les intellectuels ont été éliminés (médecins, instituteurs…). Les médecins survivants se sont cachés à la campagne. Le gouvernement a finalement eu besoin des médecins. Il voulait rouvrir la faculté de médecine mais il n’y avait plus d’enseignants. 50 médecins ont été retrouvés sur les 850 existants avant. La faculté de médecine a réouvert en 1987.

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