Alinéas

De la guerre

C’était lui le héros…Il avait toutes les qualités qu’on attendait d’un soldat. Il était loyal jusqu’à la mort, courageux, sans pitié envers les ennemis. Pour lui, le monde était fait de bons et de méchants. Il y avait un mot pour dire ça : il n’avait aucune humanité. Bien sûr, c’était un chien…Mais nous qui n’étions pas des chiens, on nous demandait la même chose. Les distinctions, médailles, citations, avancements, tout cela était fait pour récompenser des actes de bêtes…Au contraire, la seule manifestation d’humanité, celle qui aurait consisté à faire fraterniser des ennemis, à décider la grève de la guerre, à forcer les gouvernements à la paix, cet acte là était le plus condamnable de tous et nous aurait valu la mort si nous avions été découverts. Quand j’ai compris ça, j’ai cessé de détester Guillaume (le chien). Je n’avais aucune raison de l’aimer non plus. Il avait obéi à sa nature et sa nature n’était pas humaine. C’était la seule excuse qu’il avait. Tandis que ceux qui nous envoyaient au massacre n’en avaient aucune.

Extrait de « Le collier rouge » de Jean Christophe Rufin

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